Catastrophe d'Hardelot 1925
Le samedi 9 août 1925, sur la plage entre Hardelot et Equihen, treize enfants ont péri noyés.
La colonie de vacances, organisée à Condette par les tissages Leclerc-Dupire de Wattrelos étaient l’occasion pour les enfants des ouvriers de cette usine de découvrir la mer.
Le Père Delaporte responsable du groupe emmena les enfants en promenade à la plage d’Ecault, entre Hardelot et Equihen.
Il faisait chaud ce jour-là et la mer était calme. Des enfants voulurent prendre un bain…
Les garçonnets, âgés d'une dizaine d'années, se baignèrent à un endroit où la plage formait une sorte de promontoire bordé par des "bâches", des dépressions particulièrement dangereuses quand la mer monte ; l’eau les remplit rapidement et elles deviennent vite difficiles à traverser.
La plage d'Ecault, lieu du drame
Voyant que la marée montait et conscients du danger, le prêtre et les surveillants demandèrent aux enfants de regagner le rivage au plus tôt.
Les garçons, au lieu d’évacuer le promontoire sur le côté parallèle à la côte, malgré les instructions répétées de leurs accompagnateurs qui étaient au bain avec eux, se précipitèrent droit devant eux et tombèrent dans la bâche devenue profonde.
Un journal local raconta le déroulement de la tragédie :. « Les premiers garçonnets tombèrent. Alors la panique s'empara des enfants. Ils entraînèrent leurs camarades qui les suivaient et s'étaient accrochés à eux, désespérément. Ce fut pendant quelques instants une vision d'enfer : des têtes, des bras qui s'agitaient au-dessus de l'eau puis disparaissaient, des cris affolés... Courageusement leurs surveillants auxquels s'étaient joints d'autres sauveteurs bénévoles plongèrent et s'efforcèrent de ramener les enfants … s'ils réussirent à en sauver quelques-uns, la plupart hélas avaient sombré définitivement ».
Des estivants vinrent prêter main-forte et explorèrent la bâche. Après de longues recherches, tous les efforts étaient devenus inutiles. Seuls huit enfants avaient été repêchés ; ils furent transportés à Hardelot où des soins intensifs réussirent à en rappeler quatre à la vie.
Les enfants qui ne s’étaient pas baignés et étaient restés sur la plages avaient suivi impuissants la tragédie qui se déroulait sous leurs yeux. Affolés, ils s'enfuirent dans les dunes. On en retrouva pour certains réfugiés dans les villas du littoral mais le soir venu, à Condette, c'était toujours l'incertitude sur le nombre de disparus.
Le lendemain, dimanche, les recherches reprirent. Elles permirent la découverte de quatre petits corps inanimés. En début d'après-midi, avec la marée, la mer rejeta, du côté d'Equihen, d’autres enfants et un nouveau dans la soirée. Ce qui porta à treize le nombre des victimes.
Les autorités enquêtèrent pour déterminer les éventuelles responsabilités de cette catastrophe.
Elles conclurent que c'était l'arrivée inopinée d'une lame de fond qui avait provoqué l'accident. Cette lame de fond avait été ressentie sur une grande partie de la côte. Elle avait aussi déferlé en rade de Boulogne au point que la frégate de guerre argentine "Presidente Sarmiento" qui entrait au port avait été violemment déportée par les grands remous de l'eau.
Une dalle du souvenir est toujours visible à l’entrée de la partie ancienne de l’église d’Hardelot. Elle porte les noms des petites victimes et rappelle la date de la noyade des «baigneurs d’Hardelot». Cette dalle qui a grand besoin d’une restauration a souffert des affres de la guerre, elle a été brisée probablement lors d’un bombardement. Réinstallée, elle a été sommairement réparée avec le comblement des parties manquantes par du ciment.
Crédits
- article de André VERLET
- blog : debretagneensaintonge.eklblog.fr