L'abbé Bouly (1865-1958), premier curé d’Hardelot
Né et mort à Condette, l’abbé BOULY rencontra John WHITLEY au tout début des années 1900 à l’époque de la création de la station. Whitley qui avait fait construire par Louis CORDONNIER la chapelle St Augustin de Cantorbéry lui demanda de devenir le chapelain d’Hardelot.
L'abbé Bouly
Alexis Timothée Bouly naît le 11 décembre 1865 à Condette, près de l’ancienne poste, rue Alexandre Adam, dans la maison où il devait décéder, près d’un siècle plus tard et qu’il dénomma « Les Rosiers ».
Ses parents sont de modeste condition. Son père, François Alexis, est charron et adjoint au maire. Sa mère, Euphrosine Irma Fauquembergue, est lingère. Alexis grandira donc près de l’atelier du père et de son école communale. C’est un enfant ouvert, éveillé, intelligent et travailleur. Est-ce l’égale proximité de l’église et du presbytère d’un côté et de la chapelle Saint-Joseph de l’autre qui détermine l’éveil de sa vocation ?
Toujours est-il qu’il se destine très vite au sacerdoce et entre au Petit Séminaire de Boulogne après sa réussite au baccalauréat en 1886 avec mention. Il est ordonné prêtre en 1890 et devient professeur au collège Saint-Vaast de Béthune et à Saint-Stanislas à Boulogne.
En 1894, ses supérieurs l’orientent vers la Sorbonne où il étudie selon son expression «les Belles Lettres», sa vive intelligence lui permettant d’assimiler facilement les langues étrangères et en particulier l’anglais.
En 1900, il revient à Saint-Stanislas (collège aujourd’hui disparu) mais comme Supérieur. Il sollicite alors la cure de Wirwignes et l’obtient en 1909. L’abbé BOULY rencontra John WHITLEY au tout début des années 1900 à l’époque de la création de la station. Whitley qui avait fait construire par Louis CORDONNIER la chapelle St Augustin de Cantorbéry lui demanda de devenir le chapelain d’Hardelot .
Registre paroissial 1910 avec la signature de l'abbé Bouly
Le curé d'Hardelot
Jovial, cultivé et parlant l’anglais Alexis Thimothée BOULY serait le curé idéal de la «station d’élite» franco-anglaise. Mais l’évêque d’Arras était réticent compte tenu du qu’il n’y avait en tout et pour tout que 50 personnes résidentes en hiver, ce qui ne justifiait pas un prêtre à plein temps. WHITLEY se rendit à Arras le 15 juin 1910 et convainquit l’évêque de la nécessité de disposer à Hardelot d’un curé anglophone d’autant plus que «quelques centaines des meilleures familles françaises, anglaises et américaines couchent dans nos hôtels et chalets. Parmi eux, le duc d’Argyll et sa femme, son altesse royale la princesse Louise d’Angleterre» … Le 23 juillet 1910, l’abbé BOULY devenait le premier curé d’Hardelot !
Sur les conseils de WHITLEY, l’abbé BOULY achètera un terrain au lieu-dit du « Pré Catelan » où il fera bâtir une maison. Il adjoint à sa construction un pavillon pour recevoir ses amis, qu’il nomme « Notre Dame des Sources », ainsi que des bâtiments annexes loués à M. Rhein. Le curé d’Hardelot y logera l’été et habitera à Condette « aux Rosiers » l’hiver. On trouve au « Pré Catelan » deux grandes serres où il soigne ses fleurs avec amour et deux salles renfermant son immense bibliothèque.
Collectionneur passionné, brocanteur, fouineur, l’abbé BOULY ramasse tout ce qu’il trouve d’original et se forge une réputation de chercheur et d’historien. Nanti d’une certaine bonhommie et d’un sens de l’accueil spontané, il laisse sa propriété ouverte aux visiteurs. On l’exploitera souvent et on le volera quelquefois. Entre temps, le curé d’Hardelot ne néglige ni le soin, ni le renom de sa paroisse. Enfant du pays, il a accumulé tout ce qui touche à l’histoire du Boulonnais et surtout d’Hardelot. C’est un musée local qu’il crée. Dans des vitrines se trouvent cinq à six cent oiseaux ou animaux naturalisés. Un herbier, des fossiles, des souvenirs de famille boulonnaises complètent les collections.
En 1913, il rencontre le géologue Albert de LAPPARENT qui l’initie au mystère de la baguette de sourcier. Curieux de nature, notre homme tente un essai avec la baguette. Il s’avère que celle-ci réagit mieux avec lui qu’avec son invité. C’est là le début d’une renommée qui ira grandissante.
Faute d’explication, sa « radiesthésie » ou l’art des vibrations est considérée comme une science occulte. L’Eglise l’a déconseillé d’ailleurs de se livrer à sa pratique, invoquant à juste titre l’exercice illégal de la médecine, interdit par le règlement ecclésiastique et sanctionné par la loi.
Le radiesthésiste
Mais que venaient donc chercher ces « foules de partout » auprès de notre illustre abbé ? Illustre car il est mondialement connu par ses travaux, ses expériences et ses résultats.
Il est déjà intervenu dans le forage de nombreux puits.
A l’issue de la Première Guerre mondiale il s’adonne à la recherche des métaux. En 1920, sa réputation lui vaut d’être sollicité par le service de désobusage du ministère de la Guerre. Il trouve dans le sol de Champagne des quantités d’obus non explosés. Avec l’habitude grâce à ses bagues portées à l’auriculaire, il indique à l’avance la position des obus, s'ils sont chargés et même leur « nationalité » …Il interviendra aussi pour des exploitations de minerai de plomb argentifère en Auvergne ou de cuivre à Fréjus…
Mais l’abbé BOULY ne se cantonne pas à la recherche de l’eau, des minerais et des métaux. La recherche des microbes et des radiations humaines retient son attention et, dans les années 1925-1926, c’est grâce à ses découvertes dans ces domaines que sa renommée a gagné le Pays entier.
Il part du principe que dans la nature tout vibre du lever au coucher du soleil et radie, il s’essaie donc à saisir la puissance vibratoire des cellules et des bacilles. Ses expériences ont ouvert la voie, d’autres perfectionneront sa méthode.
Aujourd’hui, l’abbé BOULY est considéré comme l’inventeur de la radiesthésie.
Jusque dans les dernières années de sa vie « avec l’aide de sa baguette légendaire, il soulageait souvent, il consolait toujours ».
Mais il se défendra toujours de toucher à la médecine, sauf de mettre en application ses constatations dans un domaine qu’il a élargi par ses recherches tenaces. Pour trouver l’espoir d’une guérison, des milliers de personnes ont emprunté le « Calimoutiers » depuis l’arrêt de bus au Pavé, plus connu alors sous le nom de l’arrêt des Tisanes. Son ami, l’abbé Libert, curé de Condette, éminent botaniste, lui ayant donné de solides notions de sa science, il compose en association tout un éventail de mélanges qu’il conseille à ses visiteurs sous la marque de « mélange Boucawe » (Bouly, Capron, Weber).
Un exemple de ses découvertes qu’il raconte : « Le curé de Condette voulant doter d’eau potable son école libre du Rosaire eut recours à mes services. Je lui indiquai sur son terrain un point d’eau à 4 mètres de profondeur. Les ouvriers, ayant creusé à cette profondeur, je fus rappelé car l’eau faisait défaut. Je fis remarquer que les travaux avaient été arrêtés à 3,90 mètres. L’ouvrier, à qui je faisais cette observation, me dit : Nous ne pouvons pas descendre plus profond car il y a le rocher. Je lui répondis : Alors, défoncez-le car c’est lui qui empêche l’arrivée de l’eau. Il en fut ainsi et 10 centimètres plus bas on trouvait de l’eau».
Toujours à l’écoute des gens dans la peine, c’est là qu’il accueillera la Princesse de Cystria-Trévise qui lui demande assistance. Dame jadis extrêmement fortunée, fréquentant le monde doré du cinéma et des artistes ainsi que les hautes sphères de la bourgeoisie, possédant hôtel à Hendaye, villa à Biarritz et immeubles cossus à Paris. Elle lui fut reconnaissante du réconfort et bien que sans le sou, elle lui donne des meubles et de la vaisselle des propriétés vendues pour meubler le château des Tourelles.
Vers les années 30, il se rendra acquéreur des propriétés bordant presque toute la rue de la Marne et dont il laissera la jouissance à des œuvres existantes ou qu’il créera avec des amis.
En octobre 1934, la Société du Domaine d’Hardelot lui cède le château pour une somme modique. Il fonde alors la société « Les Loisirs », avec la congrégation des sœurs de Sainte-Agnès qui s’installe dans les locaux et qui en héritera quelque temps plus tard.
En 1937, la propriété des Tourelles est en vente et intéresse l’abbé, toujours à l’affût des bonnes occasions. Mais la propriétaire ne veut précisément pas lui vendre, à lui surtout. Les sœurs de Saint-Maur cherchent une location de maison de vacances dans la région. Ils fondent conjointement l’association « Mer et Forêt » et acquièrent la propriété, l’un faisant alors la transaction, et l’autre apportant les fonds. Le partage des Tourelles donna lieu à un litige qui fit grand bruit. De plus, le ruisseau qui alimente les Tourelles fut détourné par des travaux commandités par la Supérieure, ce qui priva d'eau notre abbé sourcier, usufruitier des terres, un comble !
Les sœurs de Sainte-Agnès sont au château, celles de Saint-Maur arrivent aux Tourelles et les Pères Blancs à la Sève. Tout un pan de l’histoire de Condette lié à son nom de par son sens des affaires. L’on dit qu’il aimait l’argent mais il fait profiter les œuvres auxquelles il se consacre. Riche, très riche, il ne laisse pour autant rien perdre de ce qui lui est dû.
En 1948, il adresse à Monseigneur Chappe, vicaire général de Boulogne, un projet d’annexion de la paroisse d’Hardelot à Condette. Mais le curé de Condette du moment, l’abbé Wacogne, refuse une charge supplémentaire et le projet d’union Condette-Hardelot échoue.
En 1950, il se sent très fatigué. A Condette dans sa maison natale dit le docteur Guilbert, confident et ami, entouré par l’affection de la famille Meurdesoif, il va donner sa pleine mesure jusqu’en 1958.
Chaque matin, levé très tôt et après sa messe, dans son oratoire ou à la chapelle du château, il commençait sa journée avec ses nombreux patients. On venait chercher auprès de lui, l’un la santé, l’autre un espoir, toujours un réconfort.
Alors qu’il est âgé de 85 ans, le ministre, M. Catoire, lui remet la légion d’honneur.
Propriétaire du château d’Hardelot de 1934 à 1958, il termine son existence le 29 janvier 1958 dans sa 93 ème année aux “Rosiers” de Condette qui l’avait vu naître sous le Second Empire.
Sur l’initiative du docteur Guilbert, un éminent sculpteur boulonnais, Pierre Sterne, fit couler un bronze rappelant le profil de l’abbé Bouly, scellé dans un bloc de pierre, dans le parc du château d’Hardelot, offert par l’entreprise Porquet Brognart. Ce simple souvenir rappelle au visiteur celui d’un prêtre sourcier hors du commun et de son immense rayonnement.
La chapelle Saint-Augustin
Le Pré Catelan
Crédits
Sources : Abbé Henri-Philippe DELCOURT “L’abbé Alexis Thimothée Bouly (1865-1958) - Curé d’Hardelot et Radiesthésiste” 2010
: Alexis Timothée Bouly – André Delsaux et Association culturelle des amis du château