Louis-Marie Cordonnier
Louis-Marie Cordonnier
est né le 7 juillet 1854 à Haubourdin. En 1875 il est l’élève de Louis-Jules André aux Beaux-Arts de Paris puis collaborateur de son père architecte.
Louis-Marie Cordonnier a construit de nombreux édifices de style néoclassique et néoflamands. On lui doit le Palais de la Paix à La Haye, l’Opéra et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lille mais aussi plusieurs hôtels de ville et églises dans le nord du Pays. Il est l’architecte de la Basilique de Lisieux et de la Chapelle de la Nécropole Nationale de Notre-Dame de Lorette.
Concepteur des superbes villas d’Hardelot…
Architecte de bâtiments publics et religieux, Cordonnier est aussi le concepteur de superbes villas au Touquet d’abord où il construit les Genêts, La Canche, l’Ermitage, La Bleuette et sa propre villa La Rafale qu’il revendra en 1900.
A Hardelot choisi par John Whitley qui a acquis 500 hectares de garennes pour la société d’Hardelot, il se voit confier l’urbanisme de la station.
Pour habiller le paysage dunaire, il élabore en 1907 un plan de lotissement aéré qui converge vers une place occupée de 6 courts de tennis en terre battue, entourée de villas.
Il habille le littoral et crée un environnement
L’architecte imagine des villas vastes au style influencé par le régionalisme normand à pans de bois. Il veut « habiller » le littoral de dunes sauvages, sans plantations, de villas. Trapues et massives proches les unes des autres, elles vont décorer le paysage à leur manière : une assise imposante en pierres, des façades aux volumes tourmentés, des toitures pentues complexes et des cheminées imposantes.
En forêt, il construit des villas sur de petites collines, entourées de pins et bien indépendantes. De conception plus simple, elles ne créent pas l’environnement mais s’y adaptent.
Esthétique, modernité et confort
Le plan d’aménagement d’Hardelot combine l’esthétique et confort. Le cahier des charges tout en maintenant l’unité du plan général, laisse aux acquéreurs de parcelles la liberté de réaliser une villa personnalisée ; il comprend des clauses relatives à l’alignement, à la voirie aux raccordements aux égouts et à la distribution de l’eau et de l’électricité.
Les commerces sont installés de façon décentrée ; toute la philosophie de cette nouvelle ville réside en effet dans la mise en valeur des sports et loisirs.
Hardelot citée en exemple
En ce début de vingtième siècle Hardelot est une station moderne citée en exemple.
Hardelot-Plage et environs - 1910 vue partielle
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L’exposition de la Cité reconstituée qui se tient du 23 mai au 15 août 1916 à la salle du Jeu de Paume et sur la terrasse des Tuileries à Paris pose les fondements de l’urbanisme à venir. La société anonyme d’Hardelot, fondée par John Whitley en 1905, s’y fait particulièrement remarquer pour les villas de Louis-Marie Cordonnier et la pertinence de l’aménagement de la station balnéaire :
(le jury) « a tenu… à lui donner une récompense de choix, absolument hors de prix et l’a mis hors-concours avec ses plus vives félicitations pour la parfaite harmonie de son plan, l’heureuse disposition de son organisation, l’étude parfaite et presque unique de toutes les conditions d’hygiène, tant au point de vue des eaux potables que des eaux résiduaires et de leur évacuation, et l’aménagement judicieux des parcs de sport et d’agrément qui en font une station balnéaire absolument unique en son genre.
Cette distinction qui récompense la société d’Hardelot des efforts qu’elle a, sans compter depuis dix ans, accomplis sur le pittoresque domaine d’Hardelot, sera bien favorablement accueillie de tous ceux qui connaissent cette place incomparable… »
La Cité reconstituée, organe de presse de la manifestation, publie dans ses colonnes du 23 juillet 1916 un article intitulé "Histoire d’une plage modèle. Hardelot-Plage, près Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais)". L’article décompose l’analyse de l’urbanisme à travers plusieurs thèmes : hygiène, agrément, communications, services généraux, etc. Il conclue sur les raisons de cet engouement général :
« La constitution d’Hardelot-Plage offre ceci d’intéressant, parce que très rare, sinon unique, que le pays était auparavant désert, le sol absolument neuf, que rien n’avait encore été entamé, que rien n’était compromis, que les créateurs avaient donc, question financière mise à part, carte blanche pour satisfaire aux exigences, aujourd’hui très complexes et très révolutionnaires pour ainsi dire, de la « Cité moderne » et que l’Œuvre était entreprise au moment où ces règles sont théoriquement connues et admises, et leur efficacité prouvée. C’est à les satisfaire que la société d’Hardelot-Plage a voué ses efforts. »
En 1930, le projet de Whitley et Cordonnier a pris corps, le plan de la station -Lotissement de la Plage- a légèrement évolué. Hardelot a pris son essor comme le montre la revue « Hardelot 1931 », éditée par la société du Domaine d’Hardelot.
Mais les guerres passent aussi par Hardelot. Durant la première, la station accueille des troupes britanniques et ne souffre pas de destructions. La deuxième guerre mondiale par contre ne laisse que des ruines et des blockhaus :sur une centaine de villas, seules huit sont sauvées de la destruction.
La mesnie après les bombardements
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Après la guerre, peu de maisons mais des blockhaus.
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Les jolies villas de la digue ont disparu. Petit à petit de nouvelles constructions sortent de terre et voisinent avec les sinistres blockhaus. Joseph Lesur et Robert Peeters entreprennent bientôt de relever la station. Le fils de Louis-Marie, Louis-Stanislas Cordonnier participe à la reconstruction en utilisant les plans de son père.
Louis-Marie Cordonnier décède le 20 novembre 1940 à Peyrillac en Dordogne. Il repose au cimetière d’Haubourdin.
Les villas et constructions de Cordonnier à Hardelot :
Les Petits Crabes. Elisabeth. Le Bon Gîte. La Marmaille. Les Charmilles. Chabraque (Les Roses). Pax. Paulette. Francisca. Yvonne. Nelly. Jehanne. L’Escopette. Ma Mie. La Maisonnette. Les Sablons. Massabelle. Kadidja. Jean sans peur. La Houle. Les Beaux Jours. Hurtebise ex Wilhelmine. Welcome. La Mascotte. Mousmé. Concordia. Grand Hôtel Les Marmousets.Le Hérisson. La Mesnie. La Brise. Geisha. Indiana. Nausary. Arden. La Caravelle. Café l’Océan.
Crédits
“Louis-Marie Cordonnier - infatigable bâtisseur” Vouters et Cordonnier
“Une Histoire d’Hardelot” APH in “Les 90 ans de l’APH”
APH - “1920/2020 Album du centenaire”
Archives départementales : texte “exposition de la cité reconstituée”
Photos-couleur : Hervé PIAU